Genèse : les premiers pas
1960 : de quoi s'agit- il ?
I ) – De quoi s’agit-il ?
Les hommes de Science, les hommes de laboratoire  sont inquiets. L’homme de Science atomiste, en particulier, qui a libéré les  forces obscures, gigantesques élémentaires de l’atome.
  « Je suis un homme qui a peur »  s’écrie Niels BOHR, Prix Nobel atomiste ; et en écho répond  EINSTEIN : « Les découvertes atomiques ont tout bouleversé, sauf nos  modes de pensée ; il faudra que l’humanité découvre de nouveaux modes de  pensée si elle veut survivre. »
          Cette inquiétude, les biologistes ne  l’éprouvent pas moins, gravement émus par les menaces sur la Vie qui sont les  conséquences de la civilisation scientifique. Le dialogue s’est donc noué entre  les physiciens et les biologistes.
          Francis Perrin a dit : « La  biologie est la Science des Sciences parce que la biologie c’est la Vie et la  Vie c’est l’Homme. »
          Robert OPPENHEIMER a dit dans une  conversation privée : « le vingtième siècle ne sera pas seulement le  grand siècle de la physique et de la chimie triomphante : il sera le grand  siècle de la biologie : l’heure de la biologie sonne à l’horloge de la  Science. »
          C’est cette confrontation entre les  physiciens et les biologistes qui est à l’origine de la fondation de l’Institut  de la Vie.
          Ici, l’inquiétude des philosophes rejoint  celle des hommes de Science. Elle a été magnifiquement exprimée par M. Gabriel  MARCEL : « Je dois dire que cette préoccupation de la Vie, de la  nécessité de la défendre et, je dirai plus, de resacraliser la Vie (car c’est  le plus important) est au premier plan de mon esprit. »
          Ce sentiment a grandi en moi que la Vie  était de moins en moins aimée, qu’elle était de moins en moins respectée… j’ai  écrit cette phrase qui est devenue pour moi en quelque sorte axiale : un  certain pacte nuptial entre l’Homme et la Vie me semble avoir été et de plus en  plus rompu.
          Mais il n’y pas qu’une menace  atomique : l’évolution des techniques et des civilisations fait courir  bien d’autres dangers à l’homme.
          Ainsi, la Vie est menacée. Pourtant, la  mission millénaire de l’Homme, sommet de l’Evolution, est de la perpétuer. Or  il vient d’acquérir un pouvoir nouveau, celui d’en abolir les formes  supérieures radio-sensibles. Ce qui veut dire qu’en cas de catastrophes  nucléaires toute vie ne disparaîtrait pas sur Terre… mais toute l’évolution qui  s’est poursuivie depuis plus de deux milliards et demi d’années, soit la moitié  de l’âge de notre globe, serait à recommencer car les mammifères et les hommes,  ces formes supérieures de l’évolution, auraient, eux, irrémédiablement disparu.
          Il y a donc eu une montée, une irruption  des problèmes moraux, des problèmes spirituels dans les méditations des hommes  de science, et cela les a décidés, avec les hommes de pensée, à passer à  l’action.
          Cette action serait tout d’abord orientée  selon deux axes :
- Orientation des recherches futures,
- Bon usage des découvertes scientifiques.
Le moyen, c’est d’ouvrir le dialogue de la Science  et des Hommes, de créer un double courant des hommes vers la Science et de la  Science vers les hommes.
          L’outil en sera l’Institut de la Vie.
II ) – L’Institut de la Vie
Conçu au départ comme une Association régie par la  Loi de 1901, il vise, comme l’a défini Jean ROSTAND, à créer le « Quartier  Général de la défense des Hommes ».
          A cette fin, les fondateurs et les premiers  animateurs ont décidé de convoquer les 21 et 22 mai prochain au château de  BERTANGLES, près d’Amiens, mis à leur disposition par l’un des leurs, un  Colloque International auquel ont été invités des savants du monde entier, de  toutes races et de toutes couleurs, auxquels le thème suivant sera  proposé : 
- Confrontation des idées et des thèmes tels que l’avenir de l’homme, Science et Politique, Science et Morale, Science et Philosophie.
- Inventaire à faire des menaces de la Vie qui découlent de notre Civilisation Scientifique.
- Structuration nationale et internationale de l’Institut de la Vie : création d’une sorte de Haut-Lieu, travaillant en toute liberté de recherche, de pensée, d’information et de diffusion.
Le programme d’action de l’Institut de la Vie pourrait, en première définition, se présenter alors comme suit :
- Création d’un Laboratoire-Témoin, essentiellement orienté vers la défense de la Vie.
- Organisation du dialogue entre les Sciences et les Hommes.
- Problème de l’Information, de l’édification d’une morale biologique, éducation des hommes de Science afin de leur montrer d’une manière concrète cette solidarité qu’ils ont avec l’ensemble des hommes.
- Création enfin de sections de défense de la Vie et de défense de l’homme dans toutes les académies, dans toutes les associations, dans toutes les Organisations Internationales.
- Leur fonctionnement et leur Fédération au sein de l’Institut International de la Vie.
- Sensibilisation, adhésion et association des masses à cette tâche gigantesque par l’intermédiaire de leurs institutions représentatives.
III ) – Développement actuel de l’Institut de la Vie
Légalement fondé en octobre 1960, avec dépôt de ses  premiers statuts, par M. le Professeur Agrégé MAROIS et M. François de  CLERMONT-TONNERRE, auxquels s’était dès l’origine associé M. Pierre AUBE,  l’Institut de la Vie est provisoirement administré par un Conseil composé  de :
          M. le Professeur MAROIS, Administrateur  Général
          M. Pierre AUBE, Trésorier
          Assistés de :
          M. PERRY, Vice-Président-Délégué Général de  la Chambre Syndicale de la Sidérurgie
          M. HERRENSCHMIDT, Associé de MM. WORMS et  Cie
          M. MARCAIS, Géologue
          M. Ambroise ROUX, Directeur Général Adjoint  de la Compagnie Générale d’Electricité
          Un Comité de Patronage comprend :
          Le Duc de GRAMONT, de l’Académie des  Sciences
          André FRANCOIS-PONCET, Président de la  Croix-Rouge Française
          André MAUROIS, de l’Académie Française
          Gabriel MARCEL, de l’Institut
          Jean ROSTAND, de l’Académie Française
          René CASSIN, Ancien Vice-Président du  Conseil d’Etat
          Le Professeur Jean VERNE, Vice-Doyen de  l’Académie de Médecine
          M. Ch. VAN LANSCHOT, Président de la  Fédération Mondiale des Anciens Combattants.
          A ce Comité avait adhéré le Duc de BROGLIE  de l’Académie des Sciences et de l’Académie Française, récemment décédé.
          Enfin, parmi les tout premiers ayant  apporté une aide enthousiaste et efficace à la constitution de cet Institut, il  convient de signaler MM. BROCHE, de GIRODON-PRALONG, RACLET, GRELLET, de  VAUGELAS, etc.
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