<%@LANGUAGE="JAVASCRIPT" CODEPAGE="CP_ACP"%> Maurice Marois
Accueil > Institut de la Vie > Science et responsabilité

Institut de la Vie

 

clown au bouquet, Jean MARC

«La vie, facteur d'unité»

 

Une philosophie (suite)

UNE VIE DIGNE D’ÊTRE VECUE 

Par Maurice MAROIS, 1986.

Quelles sont les forces en présence ?

D’un côté, un certain mouvement de l’histoire routinière, un dynamisme mécanique de la vitesse acquise et que l’escalade accélère. Des forces gigantesques sont à l’œuvre ; leur affrontement entraînerait la destruction de l’espèce.

Il n’entre pas dans nos propos de décrire ces forces, leur légitimité fondée sur les valeurs qu’elles entendent défendre, leur justification établie sur la logique d’une longue tradition de l’histoire. Cette tradition a pour nom l’équilibre des puissances et l’acquiescement à la violence si la nécessité s’impose.

De l’autre, une aspiration des hommes à vivre une vie digne d’être vécue, ce qui implique deux exigences :

L’adage latin affirmait : primum vivere, deinde philosophare. Je voudrais le remplacer par Primum vivere et philosophare, refusant de relativiser l’essentiel.

Aspiration irrépressible. Droit inaliénable.

Pendant plus d’un quart de siècle, l’Institut de la Vie a voulu donner une voix à la volonté de vivre des hommes, de vivre dans la dignité, et à la conscience de la science.

Sa préoccupation constante fut :

De quoi s’agit-il : une organisation active depuis un quart de siècle a osé avec une audace tranquille saisir l’instant fugitif où les Chefs des deux États les plus puissants de la terre échangent leurs vues sur la situation du monde. Elle a écrit le 12 février 1986 au Président Reagan et au Secrétaire Général Gorbatchev pour leur proposer un défi et un thème :

L’audace extrême était justifiée puisque les deux Chefs d’Etat ont répondu. Ces réponses donnent au thème de la vie sa noblesse politique. Les perspectives offertes sont monumentales. Il nous faut, sans illusion lyrique ni sous-estimation fatale, être égaux à l’événement que nous avons créé.

Nous avons pris l’engagement de formuler un programme. Nous n’allons pas le déterminer en totalité en un jour ni même en une semaine. Nous pouvons seulement  en dessiner les grands traits et proposer la mise en place d’une structure flexible, efficace, permanente.

Certes, le dialogue est inégal.

Qui sommes-nous ? Quelques hommes.

D’où tenons-nous notre force ? De la vie dont nous sommes une expression, de la pensée dont l’exercice fait la grandeur de tout homme, de l’espoir car le futur polarise le présent, de l’idéal partagé, du courage, de la lucidité, de l’objectivité, de l’absence d’esprit polémique, de la volonté de construire, du refus de se constituer en groupe de pression. Car ce mot restrictif n’est pas adapté à la dimension de l’enjeu ni à la qualité des acteurs (à moins de considérer l’humanité toute entière  comme le groupe de pression des vivants qui veulent survivre et s’épanouir), d’un certain style enfin dans le choix des moyens.

Il faut une réponse adaptée aux défis de notre temps.

La suprême audace sera le suprême réalisme.  Un jour viendra où l’humanité déposera son vêtement d’acier. Ce jour semble proche : il sonnera à l’horloge de l’histoire. L’humanité sera solidaire sous peine de disparaître.

« Votre ambition me donne le vertige » m’a dit un de nos collègues des États-Unis. Ce qui me donne le vertige, c’est la démesure. Ces forces qui sont à l’œuvre. Communauté de péril, communauté de destin, communauté d’espérance. Il n’est pas de problème créé par l’homme auquel il n’est apporté de solution. La science est le suprême défi ; elle est la révolte contre les antiques fatalités. Elle déplace les limites du possible. Et les hommes de science, acteurs de la révolte et artisans de son succès, sont bien placés pour relever le défi nouveau : celui de la survie et de l’épanouissement. Mais, ils ne peuvent le faire qu’en s’appuyant sur une force, la volonté de vivre des hommes, sur une philosophie, celle qui fait confiance à l’homme dans toutes ses dimensions, qui croit en sa grandeur, qui respecte le beau, le bien, le vrai, et qui ose poser le problème des fins. Ces mêmes hommes de science mieux que quiconque situeront l’homme dans l’aventure de la vie au cours des millions de siècles passés et sauront scruter les millions de siècles à venir auxquels l’humanité est promise. Embrasser d’un coup d’œil l’espace et le temps, le cosmos et l’avenir.

La devise de la chevalerie française est : « L’arc et la flèche encore un peu plus oultre ». Les hommes de science sont les chevaliers des temps modernes. Allons un peu plus oultre, allons plus vite que l’histoire. Imaginons que l’humanité ait abandonné son vêtement d’acier : alors, s’ouvre à la vie l’avenir fabuleux. Hâtons l’avènement de ce moment en mobilisant les forces de la vie, les forces de la joie. Accomplissons la révolution du bonheur humain. Accomplissons l’homme.

Notre génération a vécu les plus grandes révolutions que l’humanité ait jamais connues. Les hommes ici rassemblés ont accompli quelques unes de ces révolutions ou y ont contribué. De quel surcroît de prestige ne marqueront-ils pas leur propre nom et l’histoire de leur temps en ouvrant eux-mêmes les portes du futur avec les clés de l’esprit et de l’amour.

Dialogue de la science et de la puissance.

La science sécrète la puissance. La puissance doit être utilisée avec sagesse : la sagesse politique. Éclairons-la.

La circonstance que nous vivons est une circonstance d’exception, puisque par leurs lettres, les Chefs d’État des deux superpuissances ont donné à la vie sa noblesse politique.

Nous n’avançons qu’à coup de défis relevés.

retour au sommaire

page précédente / 1 / 2 / 3 / 4 / 5 / page suivante

haut de page