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Institut de la Vie

 

«La vie, facteur d'unité»

 

Une foi (suite)

27 février 1974 : l’Audience du Pape

L’Osservatore Romano n°10 – 8 mars 1974 : « Responsabilité de la science pour la défense de la vie humaine»

marois et Paul6Paul VI a reçu en audience spéciale un groupe de vint-trois scientifiques biologistes, physiciens, chimistes dont sept Prix Nobel : les professeurs Cournand de New York (médecine) ; Eigen de Göttingen et Mulliken de Chicago (chimie) ; Onsager de New Haven, Rabi et Cooper de New York (physique) et Theorell de Stockholm (chimie). S’exprimant en français, le Pape leur a dit :

« Nous sommes à la fois heureux et honoré de recevoir votre groupe ce matin. La haute compétence scientifique que vous possédez et qui vous a acquis un renom international, suscite notre estime et nos félicitations. Pour l’Eglise, déchiffre, avec la plus grande précision possible, les lois complexes qui règlent l’univers physique et biologique constitue déjà une quête de la vérité qui rend hommage à la fois à l’Auteur de la nature et à l’esprit humain qui participe à sa Sagesse.

 Cooper et Paul 6 S’il s’agit de mieux pénétrer le mystère de la vie humaine, de la protéger et de la promouvoir, l’œuvre déborde le domaine étroitement  délimité des spécialisations proprement scientifiques. Beaucoup de concours y sont nécessaires : à côté de celui du savant et du médecin, il y faut celui du philosophe, du politique, du juriste comme aussi, pensons-nous, celui du moraliste et du théologien. En ce domaine, en effet, l’Eglise catholique professe une conception de l’homme totalement englobante, qui fonde  ses prises de position relatives aux problèmes actuels.  Elle se réjouit de la maîtrise que l’homme acquiert sur sa propre vie, non pour la transformer à son gré, mais pour l’épanouir selon toutes les possibilités inscrites dans sa nature. Elle est soucieuse de la qualité de la vie, à tous ses niveaux, car ils sont tous ordonnés à la vocation spirituelle de l’homme. Elle reconnaît à chaque personne un caractère sacré, garanti par Celui qui a créé l’homme à son image et l’enveloppe de son amour et l’appelle à vivre avec Lui. Elle reconnaît donc son droit inaliénable à vivre dès le premier commencement de son existence - un droit dont nul humain ne peut jamais disposer -  et un droit aussi à trouver chez ses semblables et d’abord dans sa famille, les conditions d’une vie vraiment humaine.

Ainsi, face au problème de la vie, l’Eglise se situe dans la lumière d’une foi qui lui révèle le sens plénier de l’homme et dans le sillage d’une longue expérience d’accueil à la vie. Mais, sur ce point, elle sait qu’elle rejoint beaucoup d’hommes de bonne volonté, justement soucieux des conditions de vie réservées aux futures générations. C’est vous dire l’estime et l’intérêt que nous portons à vos travaux, en souhaitant  de contribuer, pour votre part, à ce haut service de l’humanité. »

Compte rendu de cette entrevue dans le journal « Le Parisien »
en date du 28 février 1974 :

L’EGLISE CONDAMNE L’AVORTEMENT
 rappelle Paul VI à 7 « Prix Nobel » 

« Le pape Paul VI a reçu hier 7 savants titulaires du Prix Nobel avec une délégation présidée par le professeur Marois, de la Faculté de médecine de Paris. Dans une allocution amicale, le pape a rappelé l’opposition irréductible de l’Eglise à l’avortement[…] Le souverain pontife a rappelé, d’autre part, que le moraliste et le théologien avaient leur place à côté des savants, des médecins, des philosophes, des politiques et des juristes dans la recherche d’une meilleure connaissance et de l’amélioration de la vie humaine. » 

Quant aux savants de l’Institut de la Vie, voici leurs réactions et celles de leurs amis après cette visite au Pape :

- Il ne paraît pas heureux.
- Il n’est pas facile d’être Pape.
- Il se trouve toujours un homme pour vouloir l’être.
Stanley Bennett : Ce qui m’a frappé, c’est sa gentillesse, sa bonne volonté, son désir d’unité des hommes pour le bien.
- et le fait que son accueil ait été aussi ouvert pour les non catholiques.
- Il est bien vieux !
- Mais il est d’une grande dignité et très intelligent.
- Est-ce que je me sens meilleur après l’avoir rencontré : je pense que oui. J’espère que lui aussi se sent meilleur après ma rencontre.
- Il a retenu longuement ma main. J’aurais voulu lui parler davantage. Il m’a dit : « L’univers est un mystère et il est beau d’aller à sa découverte. » Que pouvais-je lui répondre ? Oui ! puisque la science doit servir au bien des hommes : oui ! évidemment !
- Le drame de l’Eglise contemporaine est le même qu’au temps de Galilée. Urbain VIII considérait comme blasphématoire que l’homme ne fût point le centre de l’univers. Aujourd’hui, si la contraception et l’avortement ne sont pas acceptés par l’Eglise, l’histoire lui infligera la même défaite.
- Mais l’Eglise est prise au piège de son système. Si le mariage est un sacrement, l’enfant qui en est issu est sacré. Toute entorse met à bas le sacrement du mariage et tout le système s’effondre.
- L’Histoire jugera dans deux siècles.
- Si le pape me demande qui est Dieu pour moi, je répondrai : il est bon. Le problème de selfconsciousness et du temps objectif est central ; il plus important que celui de la recognition.
- La guerre entre science et religion est une guerre civile. L’une et l’autre cherchent à donner un sens et une place à l’homme. Mais à l’angoisse humaine, la religion répond avec assurance, la science dit : cherche ! Je suis parti de la religion : la création du monde décrite par la Bible est somptueuse et m’a ébloui ; puis je suis devenu philosophe, j’ai mesuré les branches de la philosophie. Je suis entré dans la science, je n’en suis pas revenu.
- Qui est Dieu ? S’il est à mon image, il est remarquable.
- Je vais vous faire une confidence : je ne suis pas un bon chrétien.
-  Rassurez-vous, le pape non plus !
 -  Je préfère le risque de l’intelligence libre à la sécurité automatique de l’instinct. Le saut dans l’intelligence peut faire sombrer la vie mais ce risque vaut la peine. Le dogme est comme l’instinct, il impose la contrainte et tue la liberté. Le dogme est aussi primitif que l’instinct. Je suis plus libre que le Pape.
-  Pour Monod, le hasard est à l’origine de la vie et de son évolution. Pour Prigogine, c’est l’erreur : quelques infimes erreurs introduites dans l’autoreproduction de l’uridine…
-  Ainsi Dieu, c’est l’erreur !
-  Il y a des acides nucléiques redondants dans lesquels sont stockées les erreurs qui à partir d’une taille critique vont constituer un progrès. Tel est le sens de la redondance.
-  Dieu, c’est la redondance ?
-  Dommage qu’on n’ait pas invité Galilée !
-  Dans la bataille entre Galilée (la science) et l’Eglise, la science a gagné. Nous allons rendre visite à un vaincu.
-  Le Pape est la pièce suprême du musée. Il est mort mais il ne le sait pas.
-  Si l’âme est le l’ADN (Acide Désoxyribonucléique), qui a écrit le code génétique ?
- Ce que dit le Pape, la plupart des hommes en ont besoin. C’est ce qui m’ennuie.
- Que deviendra l’Eglise quand la mort sera vaincue ?
- Elle s’occupera de la vie.
- Alors l’Institut de la Vie est l’Eglise de demain ! 

 

Vers 1977, l’Institut de la Vie est prêt pour prendre une dimension mondiale. Dans sa constitution, cet organisme indépendant a la possibilité d’entrer en relation avec les nations en signant une convention avec elle, qui fixe les conditions de coopération. C’est dans cette optique diplomatique que le Professeur Maurice Marois approche le Pape. Voici la lettre qu’il lui adressait le 22 mars 1977 :

Lettre du Pr. M. Marois à Paul VI

« Daignez permettre à un homme de science, fondateur de l’Institut de la Vie, d’apporter un filial hommage d’admiration au témoignage d’estime sublime que Votre Sainteté rend à la vie humaine.

C’est aussi un témoignage d’estime que l’Institut de la Vie rend à la vie quand il se donne une double mission théorique et pratique : la découverte de la majesté des lois de la nature et la défense de la cause sacrée de la vie. L’Institut de la Vie réunit l’expression suprême du génie scientifique (plus de trente Prix Nobel). Il est conscient de la beauté de la vie, de la grandeur de l’homme et  de la puissance de la science. Il fait servir la science à des œuvres de vie. En lui s’expriment  l’inquiétude de la science en quête d’absolu et l’inquiétude des hommes soucieux de leurs devoirs envers la vie. […]

Et voici que le message de votre Sainteté pour la journée de la paix du 1er janvier 1977, adressé aux chefs d’Etat survient à l’exact moment où l’Institut de la Vie écrit aux chefs d’Etat pour solliciter la signature d’une convention diplomatique et pour leur proposer de proclamer la vie, idée politiquement neuve, comme enjeu commun à l’ensemble du groupe humain. L’Institut de la Vie tente ainsi de répondre à l’invitation de Votre Sainteté : « Penser de manière nouvelle les chemins de l’histoire et les destins du monde ».

La voie de l’Institut de la Vie est illuminée par la vision  prophétique de Votre Sainteté. L’institution affermit sa marche grâce aux forces de vie. Dans la phase diplomatique où elle s’est engagée, puisse le soutien de l’Eglise ne pas lui manquer. Avec émotion et gratitude je me remémore la phrase que Votre Sainteté a daigné prononcer lors de l’audience du 21 mars 1971 : « Vous avez choisi de défendre la cause sacrée de la vie et votre institution réussira parce que sa nécessité s’impose. Je la soutiendrai. »

 

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